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Les Juifs de France à la Libération : restitutions, reconstructions et mémoires
Par Simon Pérego
Publication en ligne le 02 mars 2020
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Table des matières
Texte intégral
1Sous l’Occupation, le vol des Juifs de France se déclina sous différentes formes. D’une part, il fut le fait du régime de Vichy qui, soucieux d’éliminer toute « influence juive » de l’économie nationale, se dota d’un arsenal législatif permettant la mise en œuvre de « l’aryanisation économique » et confia cette mission à une institution spécialisée, le Commissariat général aux questions juives (CGQJ). Ce « vol légal » aboutit à la vente ou à la liquidation de 43 % des entreprises considérées comme juives1.
2D’autre part, les Juifs furent directement dépossédés de leurs biens par l’occupant, et ce de deux manières. D’un côté, les Allemands saisirent les œuvres d’art possédées par les collectionneurs et marchands d’art juifs2. De l’autre, un service allemand nommé la Dienststelle Westen (« Service ouest ») pilla à partir du printemps 1942 en zone occupée le contenu des logements quittés par les Juifs passés en zone dite libre, partis à l’étranger, entrés en clandestinité, internés en France ou déportés « à l’Est »3. Cette opération de pillage systématique qui vida 38 000 appartements entre 1942 et 1944 fut conduite dans le cadre de ce que l’occupant appela la Möbel Aktion (« Opération Meubles »). N’allant pas sans une participation française, tant dans sa mise en œuvre que dans ses bénéficiaires, elle associait un but pratique et matériel (le butin était transféré en Allemagne puis redistribué à la population civile) au projet génocidaire (le meurtre des Juifs était indissociable de la volonté de faire disparaître toute trace de leurs existences)4.
3C’est à cette deuxième facette du pillage allemand et à ses conséquences sur les victimes pendant mais surtout après la guerre que s’intéresse Shannon Fogg, professeur d’histoire à Missouri University of Science and Technology, dans son livre Stealing Home: Looting, Restitution, and Reconstructing Jewish Lives in France, 1942-1947, qu’il convient de présenter avant d’en mesurer toute la portée historiographique pour l’étude des Juifs de France au lendemain de la Libération5.
Spoliations et restitutions
4Reposant sur un éventail diversifié de sources imprimées et audiovisuelles et d’archives publiques et privées6, l’ouvrage se compose de sept chapitres regroupés en trois parties. Il part de la sphère publique du processus de restitution dans l’immédiat après-guerre pour aborder ensuite la sphère communautaire du monde juif et la sphère individuelle et familiale des survivants. Composée d’un seul chapitre – n’aurait-il d’ailleurs pas été possible d’en faire plus modestement une sorte de prologue ? –, la partie I (« Returning Home ») tient lieu d’introduction aux principaux défis que les survivants juifs eurent à affronter à la Libération et montre l’importance majeure que revêt le foyer et le drame que constitua à différents niveaux la perte du logement et de son contenu. À travers des récits individuels, ce court chapitre rappelle la diversité des situations auxquelles les Juifs furent confrontés au moment de rentrer chez eux, qu’ils aient récupéré leur appartement vidé de leurs biens, qu’ils l’aient parfois retrouvé dans l’exact état où ils l’avaient laissé sous l’Occupation ou qu’ils aient été confrontés à des occupants non-juifs rarement disposés à leur rendre leur logement.
5Les trois chapitres suivants forment la partie II (« Public Politics and Private Homes ») et s’organisent chronologiquement pour explorer, selon une approche d’abord institutionnelle, les mécanismes du pillage et des restitutions avec comme fil rouge « l’usage politique des foyers et de leur contenu pendant et après la Seconde Guerre mondiale7 ». Le chapitre 2 pose pour ainsi dire le décor, revenant sur les mesures antijuives prises par l’occupant allemand et le régime de Vichy, insistant sur leur dimension économique et présentant l’Opération Meubles en France. Plus précisément, ce chapitre explique les origines de ce pillage à grande échelle, ses fonctions et son fonctionnement, son ampleur mais aussi les tensions qu’il généra, d’une part entre l’occupant allemand et les autorités de Vichy inquiètes de voir cette richesse échapper aux caisses de l’État français en quittant le territoire sans compensation, d’autre part parmi les particuliers non-juifs dont certains cherchèrent à récupérer des appartements « abandonnés ».
6Quittant la période de l’Occupation, le chapitre 3 replace la question des restitutions dans le difficile contexte politique et socio-économique de l’après-Libération et l’ancre dans la désillusion que suscita, chez les acteurs impliqués, le lourd processus administratif des restitutions. Les attentes étaient pourtant grandes chez les victimes juives et non-juives de la guerre qui placèrent leurs espoirs de reconstruction personnelle et familiale dans l’action du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Le chapitre revient sur la série de textes législatifs liés aux logements et à leur contenu qui furent adoptés entre novembre 1944 et avril 1945, une législation marquée du sceau d’une stricte égalité entre les victimes et du « désir républicain d’éviter de classer la population en catégories et de créer une hiérarchie des souffrances8 ». Or ce choix plaça les Juifs, pourtant très fragilisés par les persécutions et les spoliations, dans une situation désavantageuse face à d’autres groupes (expulsés, victimes de bombardements, proches de déportés, de requis du STO ou de prisonniers de guerre) eux aussi en quête de ressources rares comme l’étaient à la Libération les logements et les biens courants de consommation. Ainsi ce chapitre « explique les façons dont les Juifs furent (ou non) réintégrés dans la communauté nationale après des années d’exclusion9 ».
7Le chapitre 4 se concentre sur l’action du Service de restitution des biens des victimes des lois et mesures de spoliation, une « bureaucratie républicaine10 » créée le 30 janvier 1945 par le GPRF, placée sous l’autorité du ministère des Finances et chargée d’appliquer l’ordonnance du 11 avril 1945 sur la « dévolution des biens meubles récupérés par l’État à la suite des pillages de l’occupant ». Les spoliés devaient établir un inventaire détaillé du contenu de leur appartement avant d’être autorisés à visiter des dépôts à Paris où avaient été rassemblés les objets abandonnés par les Allemands avant leur départ. Malgré le temps qu’il demandait et ses maigres résultats (la plupart des biens volés ayant déjà été expédiés en Allemagne), des milliers de personnes prirent part à ce processus. Pour les survivants et les endeuillés, « réclamer des biens perdus avait une dimension pratique – un matelas sur lequel dormir – mais aussi émotionnelle : les derniers liens avec les membres de la familles disparus dans la Shoah11 ». Il s’agissait aussi pour les spoliés d’obtenir une reconnaissance des pertes subies et des souffrances endurées et par là même de « réclamer leur place dans la nation à travers leurs interactions avec la bureaucratie12 », comme l’avait déjà observé Leora Auslander13. Après n’avoir réussi à rendre que 2 000 objets à leurs propriétaires légitimes, le Service de restitution ferma ses portes en juillet 1947.
8Dans la partie III (« Looking Back and Moving Forward ») de Stealing Home, S. Fogg délaisse l’approche chronologique et centrée sur l’action publique pour aborder de manière thématique les « réponses à l’exclusion et le sens de la restitution pour les Juifs dans leurs vies quotidiennes14 ». Dans cette partie est donc étudiée ce que l’historienne appelle la « renaissance sociale15 » des Juifs dans l’immédiat après-guerre. Dans cette optique, le chapitre 5 explore « les tactiques genrées employées par les Juifs dans la reconstruction de leurs espaces de vie privée après la guerre16 », en montrant notamment le rôle que jouèrent les femmes, gardiennes traditionnelles de l’espace privé et domestique, dans le processus public et politique des restitutions. Le chapitre aborde aussi la question de la reconfiguration des familles en pointant la tension qui apparut entre un discours officiel familialiste appelant à la recomposition de familles nucléaires et la réalité des familles juives fortement destructurées par le génocide et qui se reconstruisirent souvent sur d’autres bases relationnelles (soutien de proches, d’amis ou de connaissances, familles sans hommes, solidarité des frères et sœurs, etc.) que celles préconisées par les autorités.
9Délaissant l’échelle des individus et des familles, le chapitre 6 se penche sur l’action des organisations juives en lien avec les restitutions d’appartements et de biens personnels, une action qui incluait autant la revendication de l’égalité des Juifs avec leurs concitoyens que le souci de rappeler à la population française et aux autorités publiques la spécificité de leurs souffrances pendant la guerre. Dans ce domaine, la politique des organisations juives fut menée dans un jeu constant entre références à l’universalisme et maintien du particularisme, jeu qui s’avère consubstantiel de l’expérience juive dans la France contemporaine. C’est dans son cadre que les groupements juifs informèrent les autorités publiques sur les difficultés particulières auxquelles les Juifs faisaient face, dénoncèrent l’antisémitisme qui s’exprimait dans l’opposition de non-Juifs à la restitution des appartements et exigèrent que fussent considérées comme des collaborateurs les personnes qui avaient profité de « l’absence » des Juifs pour occuper leurs logements et parfois s’approprier leurs biens.
10Le septième et dernier chapitre poursuit l’étude des organisations juives en s’intéressant plus particulièrement à celles en charge de l’aide sociale, dans le sillage de récentes recherches sur le travail social en milieu juif17. S. Fogg étudie de près les interactions fréquentes et parfois tumultueuses entre ces structures d’assistance – dont l’importance était d’autant plus grande que les pouvoirs publics ne conduisirent pas, on l’a dit, de politiques spécifiques à l’endroit d’une population juive affaiblie et appauvrie – et les bénéficiaires de l’aide : les attitudes de ces derniers, les critiques qu’ils exprimaient à l’encontre des organisations qui leur apportaient une assistance financière ou matérielle mais aussi les attentes fortes que ces dernières formulaient à l’endroit de celles et ceux qu’elles aidaient à condition qu’ils mettent tout en œuvre pour arriver à un « retour à la normale » dans leurs existences bouleversées par la guerre, les persécutions et le génocide.
Des mémoires et des identités juives en sourdine ?
11Dans Stealing Home, S. Fogg innove de plusieurs manières. D’une part, elle prend pour objet une facette des spoliations qui, sans être méconnue, n’est pas la plus étudiée, les historiens ayant d’abord fait porter leurs recherches sur le vol des œuvres d’art et l’aryanisation des entreprises, des banques ou de certains secteurs économiques18. D’autre part, si ces études ont étudié l’ampleur des spoliations, l’agenda de leurs instigateurs et l’action de leurs exécutants, elles ont négligé les « effets de la spoliation sur les vies privées des individus19 » qui intéressent au premier chef la spécialiste d’histoire sociale de la vie quotidienne qu’est S. Fogg20. Or si celle-ci revient dans son livre sur les cadres institutionnels et organisationnels de l’Opération Meubles et des mesures de restitution prises à la Libération, sa focale de prédilection est d’abord celle des individus et des familles ciblés pendant la guerre et confrontés au défi de la reconstruction au lendemain du génocide. Enfin, en se concentrant sur le temps des restitutions, la recherche de S. Fogg aborde plusieurs questions historiographiques majeures relatives à la reconstruction du monde juif après la guerre et sur lesquelles il semble particulièrement opportun de revenir.
12Qu’en disaient auparavant les historiens ? En 1992, Annette Wieviorka posa un jalon important avec la publication de son livre Déportation et génocide consacré aux mémoires de la déportation et de la Shoah dans la deuxième moitié des années 1940, dans lequel elle souligna notamment l’incapacité de la communauté juive à reconnaître alors la spécificité du sort qui avait été le sien pendant la guerre21. Ce faisant, les Juifs de France n’auraient fait que s’adapter au contexte mémoriel ambiant dans lequel le souvenir du génocide des Juifs n’aurait trouvé qu’un très faible écho au sein de l’espace public, tandis que l’épopée de la Résistance faisait l’objet de toutes les attentions comme l’a démontré Henry Rousso dans son analyse du « résistancialisme22 ». Pour Georges Bensoussan, « le silence juif fut reflet du silence officiel sur l’antisémitisme spécifique de Vichy et sur la politique de collaboration de la police, de la magistrature, de la haute fonction publique et du gouvernement23 ». Tandis que les Juifs de France cherchaient à réintégrer la communauté nationale sans souligner le fait qu’ils en avaient été violemment exclus par des Français, cette dernière entreprenait de recréer sa cohésion en taisant les déchirures de la guerre après l’épuration.
13Ce refus d’assumer la mémoire des persécutions et du génocide mis au jour dans les années 1980 et 1990 a souvent été associé à la quête de discrétion, si ce n’est d’invisibilité, qui aurait été celle de nombreux Juifs dans l’immédiat après-guerre. Ainsi, selon Béatrice Philippe, « pour une poignée qui tente de trouver refuge dans la recherche d’une profonde religiosité ou dans l’adhésion à un mouvement sioniste, la plupart des Juifs aspirent à gommer définitivement toute différence en s’abandonnant à l’anonymat d’une société laïque24 ». Résumant cette thèse – en ne l’appliquant pas uniquement au cas des Juifs de France car des recherches menées dans d’autres pays aboutirent à des conclusions semblables25 –, Enzo Traverso a écrit : « À l’époque, les juifs eux-mêmes acceptent de bon gré de jouer ce rôle de figurants dans la célébration de la patrie retrouvée. Leur besoin de réintégrer les différentes communautés nationales en tant que citoyens à part entière, au bout de plusieurs années d’exclusion et de persécutions, ne laisse aucune place à un éthos particulariste26 ».
Particularisme juif et (ré)intégration nationale
14Ce souci de réintégration des Juifs dans la communauté nationale au prix de l’affirmation de leur judéité fait l’objet d’une importante réévaluation de la part des historiens depuis une quinzaine d’années. Selon plusieurs recherches issues de thèses de doctorat, les efforts des Juifs à la Libération pour retrouver leur place dans la société française n’eurent pas systématiquement pour corollaire la mise en sourdine de leur identité juive ni même le choix du silence sur leur expérience de guerre si terriblement singulière. En 2003, l’analyse que Maud Mandel propose de la reconstruction de la vie juive en France au sortir du génocide « remet en cause les hypothèses antérieures selon lesquelles l’Holocauste avait porté un coup terrible à la vie juive survivante en France27 » et souligne le maintien d’affiliations avec l’identité juive chez bien des Juifs de France après la Libération. Par ailleurs, Renée Poznanski a mis au jour les discours produits et tenus par des Juifs en France à la même époque sur la spécificité de leurs souffrances28. Cette thèse a été renforcée par des études thématiques liées à l’histoire des Juifs dans le sillage de la guerre : les efforts en vue de documenter et d’écrire l’histoire des persécutions29 ; le domaine religieux30 ; le sort de la jeunesse juive et notamment des orphelins31 ; les pratiques commémoratives32 ; et la question des restitutions qu’étudie S. Fogg dans son dernier livre.
15En effet, un apport majeur de Stealing Home tient à son souci de réévaluer les « attitudes juives d’après-guerre33 », et notamment celle des organisations juives qui n’hésitèrent pas à souligner l’ampleur et la spécificité des souffrances endurées par les Juifs sous l’Occupation pour faire valoir leurs droits à de justes restitutions et indemnisations. Sur ce point, la thèse de S. Fogg, étayée par de nombreuses sources et formulée avec subtilité et nuance, emporte l’adhésion : « Dans l’immédiat après-guerre, la réaction juive à la guerre et au génocide ne fut pas un silence complet mais plutôt un appel explicite à l’égalité en tant que Juifs [souligné dans l’original] influencé par la nature du républicanisme français et leurs relations historiques avec l’État34 », écrit-elle. C’est bien en ces termes qu’il convient de penser de manière fine la façon dont les Juifs, articulant le particulier et l’universel, cultivèrent leur judéité et la mémoire de leur expérience de guerre au sein du cadre républicain dans les années qui suivirent la Libération, en cohérence avec leur expérience d’avant-guerre dans la France du XIXe siècle et des premières décennies du XXe siècle35. Comme le synthétise Daniela Doron, les travaux les plus récents sur les Juifs de France au lendemain de l’occupation allemande cherchent désormais à « réviser les récits plus anciens qui suggéraient que les Juifs de l’après-guerre préféraient revenir discrètement à une vie “normale” en niant tout particularisme36 ». De ce tournant historiographique, Stealing Home constitue une illustration aussi éclairante qu’importante.
Notes
1 Joseph Billig, Le Commissariat général aux questions juives, 1941-1944, Paris, Éditions du Centre, 1953-1960, 3 vol. ; Antoine Prost, Rémi Skoutelsky, Sonia Étienne, Aryanisation économique et restitutions, Paris, La Documentation française, 2000 ; Jean-Marc Dreyfus, Pillages sur ordonnances. Aryanisation et restitution des banques en France, 1940-1953, Paris, Fayard (Pour une histoire du XXe siècle), 2003 ; Laurent Joly, Vichy dans la « Solution finale ». Histoire du commissariat général aux questions juives, 1941-1944, Paris, Grasset (Documents français), 2006 ; Florent Le Bot, La Fabrique réactionnaire. Antisémitisme, spoliations et corporatisme dans le cuir, 1930-1950, Paris, Presses de Sciences Po (Histoire), 2007 ; Martin Jungius, Un Vol organisé. L’État français et la spoliation des biens juifs, 1940-1944, Paris, Tallandier, 2012 [2008].
2 Isabelle Le Masne de Chermont, Didier Schulmann, Le Pillage de l’art en France pendant l’Occupation et la situation des 2 000 œuvres confiées aux musées nationaux. Contribution de la Direction des musées de France et du Centre Georges-Pompidou aux travaux de la Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France, Paris, La Documentation française, 2000 ; Sarah Gensburger, Images d’un pillage. Album de la spoliation des Juifs à Paris, 1940-1944, Paris, Textuel (En quête d’archives), 2010 ; Elizabeth Campbell Karlsgodt, Defending National Treasures: French Art and Heritage Under Vichy, Stanford, Standford University Press, 2011 ; Robert M. Edsel, Monuments Men. Rose Valland et le commando d’experts à la recherche du plus grand trésor nazi, Paris, Gallimard (Folio, 5672), 2014.
3 Floriane Azoulay, Annette Wieviorka, Le Pillage des appartements et son indemnisation, Paris, La Documentation française, 2000 ; Jean-Marc Dreyfus, Sarah Gensburger, Des Camps dans Paris. Austerlitz, Lévitan, Bassano, juillet 1943-août 1944, Paris, Fayard (Pour une histoire du XXe siècle), 2003 ; Sarah Gensburger, Images d’un pillage…, op. cit.
4 Sur le lien entre le vol des biens des Juifs et leur génocide, voir entre autres : Götz Aly, Comment Hitler a acheté les Allemands. Le IIIe Reich, une dictature au service du peuple, Paris, Flammarion, 2005 ; Martin Dean, Robbing the Jews: The Confiscation of Jewish Property in the Holocaust, 1933-1945, New York/Cambridge, Cambridge University Press, 2008 ; Adam Tooze, Le Salaire de la destruction. Formation et ruine de l’économie nazie, Paris, Les Belles Lettres (Histoire, 116), 2012 [2006].
5 Shannon L. Fogg, Stealing Home: Looting, Restitution, and Reconstructing Jewish Lives in France, 1942-1947, New York/Oxford, Oxford University Press, 2017.
6 On peut néanmoins regretter que la documentation en yiddish (à commencer par les trois quotidiens qui paraissaient dans cette langue à Paris au sortir de la guerre) n’ait pas été davantage mobilisée alors même que les Juifs yiddishophones jouèrent un rôle de premier plan dans les efforts de reconstruction du monde juif en France dans l’immédiat après-guerre.
7 Ibid., p. 13-14. Les citations traduites de l’anglais l’ont été par nous.
8 Ibid., p. 59.
9 Ibid., p. 14.
10 Ibid., p. 83.
11 Ibid., p. 121.
12 Ibid., p. 86.
13 Leora Auslander, « Coming Home ? Jews in Postwar Paris », Journal of Contemporary History, vol. 40, n° 2, avril 2005, p. 237-259.
14 Shannon L. Fogg, Stealing Home…, op. cit., p. 14.
15 Ibid.
16 Ibid., p. 15.
17 Laura Hobson Faure, Un « Plan Marshall juif ». La présence juive américaine en France après la Shoah, 1944-1954, Paris, Armand Colin (Recherches), 2013. On peut regretter que d’autres travaux portant sur le travail social juif n’aient pas été mentionnés et utilisés : Laure Fourtage, « Les organisations juives d’aide sociale et l’insertion professionnelle dans l’immédiat après-guerre », Archives juives. Revue d’histoire des Juifs de France, vol. 45, n° 1, 2012, p. 10-26 ; Constance Pâris de Bollardière, « Mutualité, fraternité et travail social chez les bundistes de France (1944-1947) », ibid., p. 27-42.
18 Voir les références données dans les notes 1 et 2.
19 Shannon L. Fogg, Stealing Home…, op. cit., p. 2.
20 Id., The Politics of Everyday Life in Vichy France: Foreigners, Undesirables, and Strangers, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2011.
21 Annette Wieviorka, Déportation et génocide. Entre la mémoire et l’oubli, Paris, Pluriel (Pluriel), 2013 [1992], nouv. éd. Voir aussi : David H. Weinberg, « France », dans David S. Wyman (dir.), The World Reacts to the Holocaust, Baltimore/Londres, Johns Hopkins University Press, 1996, p. 3-44.
22 Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy de 1944 à nos jours, Paris, Seuil (Points. Histoire, 135), 1990 [1987], 2de éd. rev. et mise à jour. Voir aussi : Pieter Lagrou, Mémoires patriotiques et occupation nazie. Résistants, requis et déportés en Europe occidentale, 1945-1965, Paris/Bruxelles, IHTP/Complexe (Histoire du temps présent), 2003 [2000].
23 Georges Bensoussan, « Une mémoire conquise. La Choa au miroir du judaïsme français, 1945-1990 », L’arche, n° 402, janvier 1991, p. 122-125, ici p. 122.
24 Béatrice Philippe, Être juif dans la société française du moyen âge à nos jours, Bruxelles, Complexe, 1997 [1979], p. 370.
25 Peter Novick, L’Holocauste dans la vie américaine, Paris, Gallimard (Bibliothèque des histoires), 2001 [1999].
26 Enzo Traverso, « Du refoulement au dévoilement », Le nouvel observateur, hors-série n° 53, décembre 2003-janvier 2004, p. 18-21, ici p. 20.
27 Maud S. Mandel, In the Aftermath of Genocide: Armenians and Jews in Twentieth-Century France, Durham, Duke University Press, 2003, p. 10.
28 Renée Poznanski, « French Apprehensions, Jewish Expectations. From a Social Imaginary to a Political Practice », dans David Bankier (dir.), The Jews are Coming Back: The Return of the Jews to their Countries of Origin after WWII, Jérusalem, Yad Vashem, 2005, p. 25-57 ; id., Propagandes et persécutions. La Résistance et le « problème juif », 1940-1944, Paris, Fayard, 2008, p. 551-592. Sur la mémoire de la Shoah, voir aussi : François Azouvi, Le Mythe du grand silence. Auschwitz, les Français, la mémoire, Paris, Gallimard (Folio. Histoire, 247), 2015 [2012], 2de éd. rev. et augm., avec une postface inédite.
29 Laura Jockusch, Collect and Record ! Jewish Holocaust Documentation in Early Postwar Europe, New York/Oxford, Oxford University Press, 2012 ; Johannes Heuman, The Holocaust and French Historical Culture, 1945-65, Basingstoke/New York, Palgrave Macmillan (Holocaust and its Context), 2015.
30 Johanna Lehr, La Thora dans la cité. L’émergence d’un nouveau judaïsme religieux après la Seconde Guerre mondiale, Paris, Le Bord de l’Eau (Clair et net), 2013.
31 Daniella Doron, Jewish Youth and Identity in Postwar France: Rebuilding Family and Nation, Bloomington, Indiana University Press (The modern Jewish experience), 2015.
32 Nous nous permettons ici de renvoyer à : Simon Perego, « Pleurons-les, bénissons leurs noms ». Les commémorations de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale dans le monde juif parisien entre 1944 et 1967 : rituels, mémoires et identités, thèse inédite de doctorat, Institut d’études politiques de Paris, 2016. Sur le cas de la mémoire de la Shoah dans le monde juif américain, et pour une critique de Peter Novick déjà cité, voir : Hasia R. Diner, We Remember with Reverence and Love: American Jews and the Myth of Silence after the Holocaust, 1945-1962, New York, New York University Press, 2009.
33 Shannon L. Fogg, Stealing Home…, op. cit., p. 5.
34 Ibid., p. 178.
35 Lisa Moses Leff, Sacred Bonds of Solidarity: The Rise of Jewish Internationalism in Nineteenth-Century France, Stanford, Stanford University Press (Stanford studies in Jewish history and culture), 2006 ; Nadia Malinovich, Heureux comme un Juif en France. Intégration, identité, culture, 1900-1932, Paris, Honoré Champion (Bibliothèque d’études juives, 38), 2010 [2008].
36 Daniella Doron, « “A Drama of Faith and Family”. Familialism, Nationalism, and Ethnicity among Jews in Postwar France », Journal of Jewish Identities, vol. 4, n° 2, 2011, p. 1-27, ici p. 2.
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